jeudi 13 mars 2014

Bouddhisme : philosophie ou religion

Retour parmis le monde (ultra-) connecte ! Et avant de partager mes sentiments sur cette experience au Wat Umong Meditation Center, ecourtee pour mon plus grand bien (et plaisir, meme si ca doit me generer une bonne dose de karma negatif), je voulais faire le point sur ma comprehension du bouddhisme, et plus precisement la place de celui-ci dans la societe thailandaise.

Attention cependant aux raccourcis et l'effet "Doctus cum libro" (qu'on devrait traduire en effet Wikipedia de nos jours) car je n'ai certainement pas la pretention de maitriser la completude (et complexite) du sujet. Je souhaite juste partager mon ressenti.

Commencons avec un chiffre, 95% de la population est bouddhiste ! Plus particulierement bouddhiste de l'ecole Theravada, reconnue comme etant l'une des plus anciennes branches du bouddhisme, directement heritee du Sri Lanka (Empereur Ashoka, 273 av J-C). Le theravada represente deja une premiere grande scission d'un groupe de moines opposes a certaines reformes proposees pour l'un des 3 grands conseils ayant suivit l'enseignement de Bouddha (Siddhattha Gotama). Les differents enseignements ayant ete jusqu'alors transmis sous forme d'une tradition orale, les moines Sri Lankais deciderent de les coucher par ecrit dans ce qui est aujourd'hui connu comme les canons pali ou Dharma.

Samsara, karma et nirvana
Le samsara est le cycle de renaissance et de souffrance dans lequel sont pris les etres non eveilles. Pour les bouddhistes ce cycle est sans commencement dans le temps, il se perpetue par l'accumulation du karma et s'acheve des que le nirvana est atteint. A la difference des autres philosophies indiennes, ce n'est pas une "ame" qui parcourt le samsara, chaque etre n'etant qu'un processus impersonnel, ce n'est "ni le meme, ni un autre" qui renait. Les origines de ce concept sont obscures mais l'idee apparait frequemment dans des textes en Inde et dans la Grece ancienne durant le premier millenaire av. J-C (devrais-je utiliser BCE dans ce type de billet ?).

Pour les bouddhistes le karma que l'on cree en agissant, que ce soit avec le corps, la parole ou l'esprit, est essentiellement favorable ou defavorable, positif ou negatif, en fonction de l’etat d'esprit qui sous-tend l'action. Ainsi, si l'on donne quelque chose a quelqu'un de maniere desinteressee, on cree du karma positif. Le karma cree peut donner ses fruits dans cette vie ou dans une vie future : "Qui accomplit de sombres actes recoltera de sombres resultats ; et qui accomplit des actes lumineux recoltera de brillants resultats. Les uns et les autres renaitront dans des mondes qui correspondent à leurs actes"

Le nirvana designe la finalite de la pratique bouddhique, l'Eveil. Il est au-dela de toute description et peut etre assimile comme la fin de l'ignorance. Le nirvana est une forme d'achevement qui peut etre compare, selon les textes, a l'extinction d'une flamme : de meme qu'on ne peut definir un feu qui ne brule pas, on ne peut definir une personne qui a « exsuffle » les agregats d'existence (desirs, volitions, conceptions erronees) qui entrainent une personne non eveillee de renaissance en renaissance.


Doctrine et omniscience

La doctrine du theravada explique comment acceder soi-meme a la delivrance en devenant un arahant. Elle rejette l'idee d'un dieu createur et tout puissant, ainsi que l'idee d'un salut obtenu par la seule devotion et le culte des reliques. Bouddha aurait dit : "On est son propre refuge, qui d'autre pourrait etre le refuge". Il faut chercher en soi la verite et pour atteindre ce but suivre le Noble Chemin (Dharma).

Dans le Tittha Sutta, Gotama declare : "Le fait de croire en la creation du monde par un etre supreme" conduit a un manque d’effort dans la pratique et a l’inaction.


Bouddhisme Thai et folklore

Le theravada fut donc introduit vers 1260 dans le royaume Sukhothai et vit son influance progresser pendant la periode Ayutthaya, bien qu'il y ai deja des traces plus anciennes de pratique du Bouddhisme. En Thailande, comme dans les autres royaumes bouddhistes theravada, le roi etait en principe vu comme le "patron et protecteur" de la "religion" (sasana et sangha).

Sous le regne du roi Mongkut (1851) qui fut lui-meme un moine, le "sangha" (la communaute bouddhiste, l'ordre des Bhiksus, les moines) et le royaume furent centralises et hierarchises. Influence par sa propre interpretation (comprehension), Mongkut a lance une vaste reforme qui est devenue plus tard la base de l'ordre de moines Dhammayuttika. Une discipline plus rigoureuse fut adoptee, et les relations entre monarchie et sangha furent renforcees.

Apres l'enseignement theravada le seconde influence majeure sur le Bouddhisme en Thailande tient dans les croyances et rituels hindouistes herites durant l'ere Sukhothai depuis le Cambodge. Certains rituels encore pratiques en Thailande moderne sont clairement derives de ces pratiques et bien que celles-ci aient ete partiellement supprimees durant la dynastie Chakri, elles continuent d'etre appliquees aujourd'hui encore.

Ensuite vient se grefer le folklore local, et plus particulierement la croyance aux esprits (phi). Bien qu'on pourrait tracer une frontiere claire entre Bouddhisme et folklore d'un point de vue intellectuel, cette limite est rarement observee. L'astrologie, numerologie et l'utilisation d'amulettes viennent donc prendre un role important dans la pratique du Bouddhisme en Thailande, bien que ces pratiques soient clairement refusees par les ecrits pali !

Finalement, bien que l'ecole theravada soit aujourd'hui la plus forte influence en Thailande, l'introduction de l'ecole Mahayana durant les premiers ages du Bouddhisme en Thailande et l'influence amenee par l'immigration chinoise aujourd'hui continue d'entretenir une forme confuse de celui-ci.


De l'enseignement a la pratique

J'ai tente de rester le plus factuel possible dans ce qui precedait, cette partie n'est maintenant que le reflet de mon ressenti, encore fort partage d'ailleurs !

Le noble enseignement du Bouddha semble avoir pleinement succombe a la l'emprise du royaume, la perversite des pseudo-croyances et la profonde "religionite aigue" si chere a l'Homme. Celui qui enseigna l'auto-accomplissement dans la simplicite et aujourd'hui venerer au rang de "quasi-dieu" qu'il refutait et des temples ont ete construit par 10aine de milliers (actuellement 60 000 temples en Thailande) grace a l'or du peuple dans une folle course a la grandeur que je croyais propre a notre eglise catholique.

Lors d'un entretient avec un moine, celui-ci m'a platement suggere, non sans une certaine dose de cynisme, que l'enseignement de Bouddha necessitait un certain intellecte et ne pouvait donc etre compris (et donc suivit) par la plebe (laypeople). Cette phrase m'a en premier lieu choque, mais la question est maintenant posee: est-ce que les (simples) gens ont besoin de suivre des preceptes simples, avec une certaine dose de mystisisme pour s'affranchir de l'inexplicable ?

Je ressens toujours une certaine attirance envers l'enseignement bouddhiste, envers la philosophie qui s'en degage meme si je n'ai pretention a en faire mon mode de vie pleinement (l'orange me va si mal) mais je suis franchement perplexe envers sa transformation en religion populaire...


Sources

http://en.wikipedia.org/wiki/Sa%E1%B9%83s%C4%81ra

http://fr.wikipedia.org/wiki/Sa%E1%B9%83s%C4%81ra

http://fr.wikipedia.org/wiki/Karma

http://fr.wikipedia.org/wiki/Bouddhisme_therav%C4%81da

http://fr.wikipedia.org/wiki/Notions_de_dieu_et_de_divinit%C3%A9_dans_le_bouddhisme

http://en.wikipedia.org/wiki/Thai_Buddhism

http://en.wikipedia.org/wiki/Thai_folklore

http://www.bouddhisme-thailande.com/

Buddhism in a Nutshell, Ven. Narada, Thera (Buddha Dharma Education Association)

Buddhism in Thailand, The World Buddhist University (Buddha Dharma Education Association)

Anapanasati, Bhuddadasa Bhikkhu (Buddha Dharma Education Association)


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